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Le 15/01/2020
La première moitié du XXème siècle a été pour
les Européens celle des guerres et des désastres. La seconde a été celle de la
reconstruction par la paix et la stabilité. La construction européenne a permis
aux Etats membres de retrouver la prospérité que leurs errements auraient pu
leur interdire. Le continent est pacifié, riche et son modèle démocratique et solidaire est envié. Les Pères fondateurs n'avaient jamais imaginé une telle réussite de leurs intuitions. La tâche interne a réussi. De nouveaux défis lui sont lancés ; ils sont externes, vitaux et existentiels. Il en va de sa sécurité qu'elle a négligée et confiée, pour une très large part, à ses alliés. Désormais elle a des ennemis et des rivaux. Une puissance voisine a déclaré la guerre à son modèle et à ses valeurs. D'autres les contestent ailleurs dans le monde. Les révolutions numériques et écologiques
bouleversent tous les processus de production, de commercialisation et de
communication et les conséquences qu'elles entraînent risquent de déstabiliser
l'ensemble de nos sociétés. Désormais les pandémies sont mondiales et les
interdépendances entre continents exigent de choisir nos dépendances pour
préserver notre autonomie de décision. La taille compte, l'Union européenne,
avec ses inachèvements et ses promesses l'a acquise. Mais elle n'est pas une
puissance unifiée à l'heure du retour des Etats. Elle n'est pas un Etat et est
donc handicapée dans sa réponse à des défis nouveaux par leur ampleur. Plutôt que de rechercher à réagir aux mesures
prises par d'autres, par exemple le plan de soutien américain à la conversion
écologique, elle doit réfléchir à sa manière d'agir, qui doit être plus globale
et plus prospective. S'imposer des contraintes fortes et
exemplaires en matière d'environnement, de devoir de vigilance, de respect des
valeurs fait l'objet d'un consensus politique soutenu par les opinions
publiques. Mais les mesures qui en découlent, taxonomie, interdictions,
contraintes, doivent faire l'objet de compensations, d'adaptation et de
progressivité au risque, sinon, d'attacher aux pieds de l'économie européenne
des boulets qui la feront in fine régresser et condamner par les peuples. On
connait notre inventivité à édicter des règles et des interdits, mais nous
devons développer notre imagination à être plus efficaces dans les incitations
à progresser.
C'est ce qui est sur la table du Conseil
européen extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement du 9 février 2023. Concilier
la réponse à tous ces défis avec des politiques volontaristes renouvelées et
novatrices n'est pas aisé car cela fait l'objet de divergences entre les Etats.
Cela représente en effet autant de
politiques communes traditionnelles à revoir : Concurrence, aides d'Etat, dettes, déficits. Leur adaptation
a commencé, mais trop lentement. Garantir la sécurité exige des capacités
militaires puissantes pour imposer le choix de la paix. C'est une révolution
pour les Européens, qui va coûter cher. Il faut les y aider. Une politique monétaire et budgétaire de
croissance ne peut se contenter de seules disciplines nationales ; elle doit
privilégier l'investissement et tenter de le dynamiser par des politiques
communes généreuses et ouvertes. Utiliser l'argent public au soutien de
l'économie au moyen d'un Buy European Act, c'est tout simplement décider que
l'argent public européen va en priorité à la modernisation de son économie,
comme tous les Etats du monde. Réussir à découvrir et maîtriser les technologies
qui, demain, feront la différence entre les nations, impose de multiplier les
opportunités, faciliter les prises de risque par des règlementations
incitatives, abonder les soutiens financiers. Répondre à l'exigence d'efficacité, c'est le
faire ensemble dans des politiques communes et non chacun de son côté. Réussir
à additionner les potentiels européens, c'est dépasser le simple cadre de
réponses nationales. C'est accepter d'emprunter et de dépenser en commun pour
l'avenir et non pour préserver les habitudes. Il y a 73 ans, les Européens ont accepté de
saisir la chance de le faire ensemble. Ce fut un pari que les peuples ont
validé. Plus rien ne ressemble au contexte de cette époque. Une nouvelle phase
s'est ouverte qui exige un sursaut, c'est-à-dire de l'audace. Pour saisir cette seconde chance de rester dans la course géopolitique, technologique, économique, sociale, l'Union européenne doit accepter d'adapter ses politiques qui ont réussi dans le passé mais qui ne sauraient répondre en l'état à la situation présente. Elle en a tous les atouts. Elle doit en avoir la volonté. Les citoyens la soutiendront.
JD Giuliani © 15 janvier 2023
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