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«Blasphème, Liberté
d’expression et « faire nation »? » par Jean-Pierre Arrignon le 30 octobre 2020
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Chers amis, Ces dernières semaines
d’octobre sont marquées par des crimes épouvantables qualifiés à juste titre de
barbares : l’assassinat d’un collègue professeur d’Histoire, Samuel Paty et
l’assassinat dans la basilique Notre-Dame de l’Assomption de Nice de trois
personnes (le sacristain et deux femmes). Ces drames atroces doivent nous amener à réfléchir sur la liberté d’expression qui inclurait selon notre président, le « droit au blasphème » (déclaration du 12 février 2020). Ainsi, la liberté d’expression serait sans limite. Mais comment concilier cette liberté constitutionnelle avec la liberté de conscience garantie par l’article premier de la loi de 1905 « la République assure la liberté de conscience ; elle garantit le libre exercice des cultes dans les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public ». La question se pose à partir
du terme blasphème présenté comme un droit. Le terme a été créé par les
traducteurs grecs de la Bible, la Septante. Considérée comme liberté fondamentale, la liberté d’expression est inscrite dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (ONU 1948, art 19). Pourtant cette liberté d’expression est limitée par le délit de diffamation définit comme « toute allégation ou incitation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé ». La diffamation est publique lorsqu’elle peut être entendue ou lue par un public étranger à la fois à la personne qui diffame et à la victime. Le fait de proférer des propos diffamatoires en pleine rue, sur internet ou dans un journal constitue un délit de diffamation publique sanctionné par une amende de 45 000 euros et/ou 1 an de prison. Il ne fait aucun doute que certaines caricatures de Charlie Hebdo, notamment celles à caractères érotiques voire pornographiques, relèvent du délit de diffamation publique à l’encontre des croyants chrétiens et musulmans, car elles portent atteinte à des religions qui ont leur place dans la République laquelle assure la liberté de conscience et le libre exercice des cultes. En affirmant sa volonté de continuer à diffuser les caricatures de Charlie Hebdo, le Président Macron a suscité de violentes réactions au sein des milieux musulmans islamistes intégristes en Turquie, Arabie saoudite, Iran, Maroc, Qatar, Tunisie, Pakistan, Yémen, etc. Ainsi, le monde musulman si souvent divisé, s’est rassemblé contre l’ennemi commun incarné par la France, comme ils étaient parvenus à se rassembler pour chasser les Croisés de Syrie sous l’impulsion de Nurad-Din (vers 1178-1174) auquel on attribue le djihad. Faut-il interdire les
caricatures ? Bien sûr que non. Le Coran, seul texte sacré pour tout musulman,
n’interdit pas la représentation de Mahomet. La caricature est une des formes de la liberté d’expression ; elle est une liberté universelle à laquelle nous ne devons pas renoncer, mais elle ne peut blesser, humilier les croyants. Elle est limitée par le délit de diffamation. La juste volonté du Président Macron d’œuvrer au rassemblement de tous les Français dans une République laïque, une et indivisible, pour « faire nation » est bien sûr légitime. Or, pour parvenir à nous rassembler dans le respect de tous, croyants, non-croyants, athées, nous avons besoin de placer le dialogue, le respect et la considération au cœur de notre démarche en nous appuyant sur des symboles forts. A noter qu’un décret du Garde des Sceaux de 2010 condamne ceux qui portent atteintes aux symboles sacrés de la République que sont le drapeau et l’hymne national. C’est en recréant du sacré que nous parviendrons à « faire nation ». Voici, chers amis, ces quelques réflexions que vous ne manquerez pas d’enrichir. |
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