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Avec 256 millions de vaccinés, soit 70% des adultes, l'Union
européenne a surpassé tous les autres et démenti les critiques qu'on lui
adressait injustement il y a encore quelques mois. On le doit notamment au dynamisme
de Thierry Breton, le Commissaire en charge de l'industrialisation des vaccins
dont l'Europe est devenue le premier producteur au monde et dont elle a
gratifié déjà 138 pays pauvres de plus de 200 millions de doses. L'Europe a été
efficace.
Avec plus de 3 000 milliards d'euros mobilisés par toutes les institutions
européennes, de la Banque centrale européenne à la Commission en passant par le
Conseil européen et le Parlement, le plan de relance européen a été massif et à
la hauteur des autres grands ensembles politiques dans le monde. Il a surtout
marqué, au sein de toutes ces instances, des évolutions considérables. L'Europe
a été au rendez-vous.
Avec l'abandon de l'Afghanistan, l'inquiétude née des pulsions de Donald Trump
est devenue une certitude chez beaucoup des alliés européens de l'Amérique :
Ils doivent penser et protéger leurs intérêts avec leurs propres moyens et
surtout leur expérience si particulière. Celle-ci est plus ancienne, plus
profonde et donc bien plus raisonnable s'agissant de la paix et de la guerre,
de la diplomatie et du droit. Après tout si les Européens avaient été consultés
et écoutés sur l'Irak, l'Iran, la Syrie, la diplomatie américaine n'aurait
peut-être pas connu une telle succession d'échecs.
L'Europe est conduite à renforcer la solidarité entre ses
membres, qui sont d'ailleurs en train d'élaborer une stratégie commune qu'on
appelle « la boussole ». Pour la première fois, l'Europe pense et parle
stratégie.
L'Union européenne est en train de faire sa mue plus rapidement
que prévu. Il reste certes beaucoup à faire et il est toujours difficile
d'obtenir l'unanimité des Etats membres. Mais on doit aussi compter sur la
France, qui va présider le Conseil au premier semestre 2002, pour accélérer la
course entamée vers plus d'efficacité. Emmanuel Macron, son président, avait
appelé de ses voeux nombre des évolutions récentes. Les circonstances ont
plébiscité ces intuitions françaises désormais davantage partagées. Gageons que
les petits réflexes provinciaux, ceux des frugaux, des conservateurs et des
égoïstes qui s'y opposent, ne résisteront pas longtemps à la nécessité.
L'Europe ne peut pas rester le seul continent à refuser de
s'endetter pour investir et à ne pas utiliser sa monnaie au profit de sa
croissance, alors que les besoins d'investissements dans les technologies et le
verdissement sont plus importants que jamais et qu'à corseter son économie,
elle affiche un retard de croissance sur ses grands concurrents.
L'Union européenne n'a pas d'autre choix que d'assumer et développer
sa puissance et pour cela d'abandonner beaucoup de ses dogmes.
Ses politiques économiques et budgétaires, ses interdits diplomatiques et
militaires, ses strictes règles juridiques et ses prudentes pratiques
politiques étaient parfaitement calibrés pour une construction progressive par
temps calme.
Les circonstances ont brutalement changé et nous sommes entrés
dans une période de grands vents. La crise sanitaire a montré qu'elle était
capable de s'adapter rapidement. Mais il ne s'agira pas cette fois-ci de
simples adaptations. Il est question de grands changements. Les mois à venir
diront si l'Europe saura faire sa révolution.
JD Giuliani © 2021
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