Lundi 15  avril  2019 "L'Europe entre Populismer et Démocrature" 
L'exemple français

Dans une salle comble réunissant plus de cent personnes, Monsieur Hervé Pierre, ancien commissaire divisionnaire, bien connu des touquetois, nous entretenait de la lente inclination de nombre de nos démocraties mondiales vers ce que l'on appelle aujourd'hui courrament, soit des "démocratures" soit des "populismes"

Bien sûr, le titre de cette conférence est un peu provocateur. Démocrature ? contraction de dictature et de démocratie (on parle aussi de dictocratie, ce qui revient au même), populisme : pas de problème. Mais on en est là ? vraiment ? la France, mère des arts et les lettres et de la révolution de 1789 que même Jefferson admirait !
Évidemment, s’il est vrai que la France n’est pas une dictature, est-elle encore une démocratie ?  C’est notre débat qui s’étend à l’Europe et au monde. La question de fond revient à savoir si la démocratie à l‘ancienne est encore capable de gérer la modernité sans se réformer sérieusement ?
Soyons honnêtes. La confiance n’est plus là dans nos institutions. 70%. Cela a des répercussions non seulement dans le monde occidental mais dans les pays tentés de rejoindre le camp des démocraties. Est-ce le bon système, respecte-t-il les peuples ou les trompe-t-il ? Ce doute ronge notre contrat national, l’Europe aussi, divisée sur ce point, et déstabilise le monde, tenté par des régimes plus proches des peuples. Les démocraties actuelles sont assiégées idéologiquement et fonctionnellement tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Nous avons perdu la valeur d’exemple en interne et en externe. Poutine.


 
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Tout cela est quand même un peu surprenant. On a pu croire au moment de la chute du mur en 1989 que tout allait finir bien dans le monde, comme le disait Fukuyama dans son livre « la fin de l’histoire » qui prédisait le succès final et définitif de la démocratie à l’occidentale sur la planète. La Fin du travail de Jeremy Rifkin à la même époque. On rêvait. Or pratiquement en même temps, en 1987, paraissait un livre prémonitoire de Gérard Mermet, (Francoscopie). Appelé « démocrature (c’est Mermet qui a forgé le néologisme) : avec en sous titre : comment les médias transforment la démocratie », le livre attirait l’attention sur la naissance d’une nouvelle sphère de pouvoir inédite : celle des médias parisiens qui choisissent les sujets, les mettent en scène avec moralisation (naissance du pouvoir), le tout aboutissant à ce constat : au fond les électeurs votent pour rien. Un autre livre tirait la sonnette d’alarme dix ans après Fukuyama : « le choc des civilisations » de Samuel Huntington qui prédisait un retour nationaliste des états ou de groupes d’états rassemblés en 6/7 civilisations. Mais c'est un autre américain, Christopher Lash, dans "La Révolte des élites ou la trahison de la démocratie" (1995) qui a le mieux défini notre époque en écrivant : "Naguère, c'était la "révolte des masses" qui était considérée comme la menace contre l'ordre social et la tradition civilisatrice de la culture occidentale. De nos jours cependant, la menace principale semble provenir de ceux qui sont au sommet de la hiérarchie sociale et non pas des masses". Jérôme Fourquet parle de touristes.

Lash explique le paradoxe entre Fukuyama et Mermet.
C’est vrai que la crise des démocraties s’exprime d’abord par le fait que depuis au moins cinquante ans s’accroit une distanciation, due à la complexité du monde moderne, entre les peuples dubitatifs sur leurs droits réels, leur identité et leurs élites globalisées, de plus en plus isolées en oligarchies, regroupées dans des centres urbains où se concentrent le succès, la reconnaissance par les médias et la richesse.



1.       Les perturbateurs endocriniens de la démocratie

Nos démocraties modernes sont un produit des Lumières. Formalisation d’idées qui courraient depuis longtemps, en particulier en Angleterre normande (droit germanique) dont la magna carta de 1215 est l’exemple le plus connu pour la reconnaissance de droits aux citoyens, Habeas corpus. Les fondamentaux de la révolution des esprits au 18e sont bien connus de tous : lutte contre l’absolutisme, coupable de guerres, reconnaissance de droits aux particuliers (propriété et liberté), mise en cause de la validité de la religion humaine, vision déformée de la religion naturelle, organisation des pouvoirs (Montesquieu) et établissement de constitutions pour les fixer ces droits (DDHC).
Ces idées, toujours d’actualité, ont permis de libérer la force vitale des citoyens, reconnus individuellement, ce qui s’est traduit par une accélération exponentielle de l’humain, économiquement, démographiquement et socialement. D’où le succès des démocraties en tant que modèle d’organisation politique qu’il ne faut surtout pas nier. Or celles-ci ont besoin pour exister de conditions optimum dont il faut énumérer celles en crise aujourd’hui dans les domaines institutionnels, sociaux et économiques.
En fait, le cœur du malaise tient dans un malentendu sur la démocratie. On confond le contenant et le contenu.

La démocratie, le contenant, moyen, Outil, a été inventée pour mettre œuvre un contenu : les principes de la DHC qui est au cœur des revendications actuelles.  On oublie que les DHC fondent le consentement à être gouverné, le consentement national et le consentement à l’impôt conformément à la déclaration, sur « -1- les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité sociale . les droits naturels et imprescriptibles que sont la liberté, la propriété, la sureté et la résistance à l’oppression 2 Tous les citoyens ont le droit de participer personnellement ou par leurs représentants, à l’élaboration de la loi -6- . La libre communication des pensées et opinions est un des droits le plus précieux - 11. La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration – 15,

Perturbateurs endocriniens institutionnels
Clé de voûte de la pensée de Montesquieu : la Séparation des pouvoirs (DDHC 16 sinon pas de constitution) exécutif, législatif, judiciaire :.  Premier signe du dérèglement quand les élites exécutives détiennent à la fois les 3 pouvoirs.  Le judiciaire est nettement en cause un peu partout dans les démocratures qui luttent contre l’indépendance du judiciaire. Trump, Orban, France

Les systèmes de représentation sont en crise. Problème de la proportionnelle ou d’élections suffisamment rapprochées pour renouveler les personnel politique. Mode de scrutin est déterminant : tout le monde vote. Vote censitaire ? Populisme et vote universel… Découpage à la guise du pouvoir, liberté des parlementaires mandat exclusif ou non.
Ensuite problème de l’abstention : perte de légitimité, phénomènes de majorité silencieuse ; Remèdes ???

Rôle et commandement des administrations : contrôle organisé par qui ? Technocratie pléthorique qui devient insurmontable et brouille encore plus la séparation des pouvoirs. Nous sommes aussi gouvernés par des machines qui remplacent l’autorité et la justice par un pouvoir anonyme omniprésent et totalitaire, victoire inattendue du droit administratif, type 1984 Orwell. Deep state dénoncé par Donald Trump : le peuple y a-t-il encore accès ??? Le problème avec Bercy en France qui gouverne à la place des élus.
Le choix de la technocratie remet en cause les pouvoirs locaux. C’est la question de la Décentralisation et foi en l’individu. Equilibre entre le local et le national. Exemple des US (le fédéral contre les locaux) et de la France : la centralisation est en flèche à cause des médias, des transports, de la complexité des dossiers. Or la centralisation semble entraîner tous les Etats vers une pente fatale de l’étatisme qui finit par le totalitarisme : des dirigeants et une foule indifférenciée socialisée égalitairement



Perturbateurs sociaux

Evolution du respect de l’individu : on est passé de la reconnaissance de l’individu, de ses droits inaliénables à la primauté de l’individu sur la société (individualisme forcené qui a tous les droits (« résiste, prouve que tu existes contre ce monde égoïste »). Les alpinistes pour satisfaire leur plaisir font prendre des risques à la société qui paie. Perte de la responsabilité et de l’autorité. Violences anarchiques.
La société au service de l’individu et de sa sécurité personnelle mais pas l’inverse. Or comment assurer la sécurité de tous sans autorité si ce n’est en passant par des machines qui réduisent le côté humain, contrat social.

Utopie de l’égalité totale, appelée Justice alors que cette dernière est équité, pas égalité. (qui n’a jamais été un droit absolu, c’est un PGD déduit de l’égalité devant la loi) mais qu’on a transformé en droit égalitariste par la jurisprudence et l’influence des revendications sociales. On a formé des centaines de gens qui ont des diplômes élevés mais pas d’emploi s’ils ne font pas partie d’une coterie, parisienne ou familiale. Tromperie sur le mérite. On vit dans un rêve.
Importance et rôle des médias nationaux concentrés par une ploutocratie liée aux affaires et aux banques. La presse comme un business. Le drame des télés en continu qui accentuent l’effet de loupe sans recul. Perte de confiance dans la presse, devenue d’opinion et de pression et non d’information.
Irruption des média sociaux, facebook, twitter qui valident l’individualisme et sa demande excessive de reconnaissance que la représentation politique n’est plus capable de porter (d’où un anti parlementarisme encore plus accentué par l’incapacité de prendre en compte la multiplicité des exigences démocratiques qui ne cessent d’enfler de façon anarchique).
Nous voyons là le paradoxe de Tocqueville à l’œuvre.  (Tocqueville constate avec non moins de surprise que plus une situation s'améliore (liberté, revenus . . .), plus l'écart avec la situation idéale (inégalités, pauvreté, corruption) est ressenti subjectivement comme intolérable par ceux-là même qui bénéficient de cette amélioration. C'est avant la lettre, le "Toujours plus !" de François de Closets.

Perturbateurs  économiques et démographiques.
La globalisation a bouleversé les grands équilibres économiques et territoriaux de multiples pays, dont la France et l’Europe.. Elle a pu faire croire aussi que le monde était encore illimité : il suffirait d’aller là où la main d’œuvre est la moins chère. Or c’est fini : la MO est chère partout et les ressources s’amenuisent. Le pic est-il atteint dans le pétrole ?
La répartition de la richesse qui contredit la théorie démocratique de l’égalité des chances . 1% de la population mondiale possède 80% des richesses.
Mais épuisement des ressources avec population (pic là aussi ?) devenue folle. On est passé de 3 milliards en 7, avec 10 milliards en vue pour 2100. Ces masses de populations peuvent-elles se gérer comme des démocraties du 18e siècle, un peu comparables à la Suisse ? Les conflits liés à l’eau dans le monde se régleront-ils pacifiquement ?

Le climat : besoin de solutions radicales, non libérales ou démocratiques. Négation par certains qui mettent en cause l’intérêt qu’ils ont pour leur peuple et la planète. Les tensions sont vives en interne dans chaque pays et entre pays. Nouvelles lignes de fractures qui accroissent le problème de la démocratie : il faut passer vite et en force.
La financiarisation : le crédit pas cher entretient les espoirs le plus fous et permet à l’Etat de verser dans le populisme.
Conclusion : On voit bien que les fondamentaux démocratiques sont attaqués d’un peu tous les côtés en même temps. Trop vite pour que les institutions aient le temps de s’adapter. La crise des démocraties se mesure donc par la proportion entre apparence démocratique et réalités des choses dans un pays donné. URSS démocratique !! Algérie d’actualité. Démocratie des institutions ou de la rue ou des réseaux sociaux ?

Démocratures et populismes : une même démarche, des angles différents
Le terme populisme est né au 19e siècle. Il désigne à la fois l’intérêt que l’on peut avoir pour la satisfaction pour le peuple auquel les démocraties accordent des pouvoirs en échange des voix (pas de cens électoral, bas peuple) et les demandes que ce peuple peut exprimer (souvent accusées d’être dans le paradoxe Tocquevillien. Le terme est donc à double sens.
Très vite « populisme » a été utilisé et l’est encore, mais c’est un sens restreint qui arrange la classe dirigeante, pour désigner un système dans lequel on oppose élites (raisonnables ?) face au peuple (populus vulgaire latin, senatus populusque) qui exige de voir ses droits accomplis. Mais de quel peuple parle-t-on ? De la somme des individus ? Et c’est du socialisme à tendance totalitaire. Ou de chaque individu et c’est vite l’anarchie. C’est ainsi que naissent, entre socialisme et anarchie, la loi égalitaire d’accès, mais non respectée, les groupes de pression, apparemment un peu moins sensibles au paradoxe tocquevillien. Les fameuses minorités, d’abord larges en nombre, puis de plus restreintes, spécifiques et exigeantes au fur et à mesure qu’elles obtiennent des droits. (homosexuels, puis PMA, puis GPA). C’est pratique pour le pouvoir de parler à ces minorités puisque cela entretient l’illusion de la démocratie mais en oubliant dangereusement les individus. Les groupes de pression sont une route vers le totalitarisme puisqu’ils tendent à faire disparaître les droits des individus, tous ceux qui n’appartiennent pas à une minorité reconnue et s’assimilent à la majorité silencieuse. Sans parler du risque aussi de communautarisme et de luttes entre minorités.
Il en découle au moins deux formes de populisme, selon que l’on est ou non au pouvoir. L’un, du peuple, revendicateur.
Le populisme du peuple d’opposition est une revendication souvent basée sur l’égalité transformée en égalitarisme. Pourquoi eux et pas nous ? Mais pas seulement. C’est aussi très souvent un besoin de protection contre des forces immaîtrisées, comme le changement (la globalisation).

Le populisme est donc plus souvent qu’on ne pense conservateur parce qu’il exprime la peur du peuple. Il y a un style populiste des électeurs dans la recherche de sécurité

Le peuple va se retourner vers ses origines (xénophobe), la recherche d’un chef fort pour le protéger (fascisme ou bonapartisme), des solutions simplistes dont il n’envisage pas toutes le conséquences, solutions souvent égoïstes comme Moi d’abord. (arbitrage sécurité/liberté) Mon pays ensuite (nationalisme contre globalisation, valorisation de la religion). Parce que les élites renvoient à ceux qui tiennent de tels discours une image négative et moralisante (vous êtes bêtes, vous ne comprenez pas, vous êtes raciste), le peuple devient anti-establishment et peut devenir violent vis-à-vis de cette élite si un sentiment d’injustice s’agrège à la discrimination. Ainsi en Allemagne le parti d’extrême droite a des scores élevés dans les Landers de l’est où le chômage s’additionne avec le départ des jeunes filles qui vont tenter leur chance à l’Ouest.

L’autre populisme, c’est celui du pouvoir qui fait semblant de répondre aux aspirations du peuple ayant de plus en plus tendance, à cause de la multiplicité des droits individuels, des groupes de pression à comprimer l’exigence sous la forme de la technocratie ou de l’autorité pure et simple. Quand la technocratie ne prend pas le pouvoir en sautant la case des politiques élus pour exercer l’autorité. « Vous avez le droit de demander, je vous y encourage même dans ma campagne, mais une fois élu je n’en ferai qu’à ma tête pour trancher et j’utiliserai la force au besoin avec la technocratie, voire la force s’il le faut».
Le populisme d’État, de pouvoir engendre un style facilement reconnaissable pendant les campagnes : « Tout est possible » : le peuple demande tout et son contraire et les politiques irresponsables promettent tout en effet pour mieux se contredire ensuite une fois élus sous la forme : le populisme est détestable. Comme dit E. Renan en 1850 : « tous les populismes se sont fondés en persuadant les sociétés qu’ils feraient beaucoup mieux qu’elles-mêmes. Chaque peuple a ainsi dans son histoire une heure de tentation où le séducteur lui dit, en lui montrant les richesses du monde : je te donnerai tout cela si tu veux bien m’adorer… ». La tentation dans le désert du démon. Le peuple est victime de son excès en croyant le gouvernant qui lui promet tout.
Malheur à celui qui dit la vérité dans une campagne électorale ! Malheur aux tenants du parler vrai ! Les promesses gratuites qui n’engagent que ceux qui les écoutent. Chaque élection est un piège à cons (Sartre) dans ce sens. Coluche avait bien résumé ce sentiment : « si les élections servaient à quelque chose, il y a longtemps qu’elles seraient interdites » Avec derrière, l’impossibilité de gouverner parce qu’on a trop promis, et déception de plus en plus rapide (Hollande, Macron) etc. C’est le charme des campagnes et la passion qu’elles exercent : pendant un temps très bref les électeurs peuvent croire qu’ils ont été entendus. « Je vous aime »…. Avant que la réalité du pouvoir n’impose des arbitrages d’autant plus brutaux mal vécus que les promesses ont été irréalistes. Traîtres….
C’est donc en cela que je dis que populisme et démocrature appartiennent à la même famille, ou du moins ont un lien puissant : celui de la demande irréaliste du peuple et celle trompeuse du séducteur, si bien que les démocratures sont souvent exercées par les mêmes, selon qu’ils sont ou non au pouvoir, avec des tonalités différentes selon l’angle.

Les démocratures sont évidemment le fait d’un chef populiste parvenu au gouvernement pour écraser les promesses faites imprudemment. Pierre Rosanvallon en fait une bonne présentation quand il dit que l’on reconnaît le populisme de pouvoir à quelques traits bien connus (exercice fédéral US)
Conservation des formes démocratiques virtuelles qui trompent tout le monde, vidées de leur utilité par la technostructure ou l’oligarchie ou par la mise en cause de son mode de fonctionnement. Les réformes du parlement par exemple qui justifient qu’on se passe de son avis en attendant. On court circuite les corps intermédiaires.
Exaltation du chef - exacerbation du pouvoir majoritaire, confusion des pouvoirs - suppression de la presse ou main mise sur celle-ci, élimination du pluralisme, parti unique dominant les autres, déligitimés            - volonté de simplifier la vie publique pour supprimer les obstacles au pouvoir - désintérêt des besoins du peuple : la technocratie décide (exemple des la gare de St Denis) - militarisation de la vie civile et de l’ordre public -contrôle du judiciaire.
Ce qui caractérise le plus la démocrature, c’est qu’elle est exercée par un clan sous les formes démocratiques que l’on sauvegarde pour faire croire au peuple à l’équilibre des pouvoirs et au consentement par le vote, alors que tout est joué dans le cercle restreint qui n’est ni démocratique ni contrôlé. Clan qui a tendance à opprimer le peuple par la loi, la technocratie, la religion, ou la force brute.

La démocrature peut être :
populiste : on flatte les demandes du peuple sur xénophobie pour mieux imposer le clan , cela peut se retourner très vite contre le peuple
technocratique : pour la sécurité et le bien être
ploutocratique : les riches décident pour s’enrichir encore plus
oligarchique : une classe s’approprie le pouvoir pour en bénéficier
dynastique : une famille

religieuse

Monde, Europe et France : l’avenir des démocraties
La survenue des démocratures ou des populismes est un fait indéniable. Tout le monde est concerné à un titre ou un autre parce qu’on subit les conséquences d’un monde devenu trop complexe pour être géré par les systèmes inventés au 18e. Regardez les problèmes au UK ! Les démocraties doivent se renouveler sous la pression des réseaux sociaux !
En fait le monde moderne présente toute la typologie des démocratures :
En Asie, la Chine, très proche du système de l’URSS mais avec une valorisation de l’individu en tant qu’agent économique autorisé à s’enrichir tant qu’il suit la ligne du parti tout puissant. Xi nouveau leader, encore plus que ses prédécesseurs.
En Amérique : les deux types de populisme : Chavez et Trump.
En Russie, populisme à la Chavez avec tradition armée et police russe.
MO et Afrique : Erdogan

En Europe :
L’UE
cumule de nombreux facteurs de déséquilibre démocratique. C’est grave parce que cela vient coiffer des déséquilibres nationaux. La volonté pour s’en sortir de revenir d’abord au national n’est donc pas étonnante. Les populismes se renforcent aux deux niveaux.
Confusion des pouvoirs : pas d’exécutif (force, armée), un parlement mal élu (abstention) dans les pays et une administration mal gouvernée et pléthorique qui tend vers la technostructure et la dérive normative. Notez au passage que cette absence d’Europe à un moment crucial ne peut qu’engendrer le retour aux nationalismes populistes : exemple l’armée.
L’Europe nous protège mal de l’immigration de la criminalité de la mondialisation des GAFA, de la concurrence fiscale.
Dans ces conditions les nationalismes populistes de forme de démocrature envahissent l’Europe.
Pologne : Andrezj Duda, conservateur, religieux.
Hongrie (Viktor Orban) Roumanie (Viorika Dancila) idem, mise en cause de la presse, religion, opposants poursuivis
Autriche Sébastien Kurtz FPO nationaliste de Jord Haider
Italie : ressorts populistes sur immigration, religion, nationalisme
Grande Bretagne : populisme réel en crise

Allemagne

La France ??
Séparation des pouvoirs peu réaliste, pas de justice en face des besoins (budget, droit administratif bien mieux doté, délais, soumission du parquet etc)
Abstention qui en découle : anecdote de la jeune chauffeur de taxi qui dit que Google lui a été plus utile personnellement ces dix dernières années que tous les présidents qui n’ont fait que la taxer.
Administration hyper puissante
Centralisation armée
Elitisme parisien, ENA qui trempe la main dans l’économie, organisation du pays
Corruption des medias et des décideurs par économie mixte (Vincent Jauvert, conflits d’intérêt partout, dernier en date celui de Legendre)
Culture du chef boulangisme napoléon de gaulle le roi te touche, dieu te guérit
Exemple économique : les politiques contradictoires : on prélève pour faire du social et on matraque les travailleurs
Cette question des minorités et de leur légitimité de représenter le peuple a été au cœur du mouvement des gilets jaunes qui quelque part ont aggloméré des centaines de revendications disparates, non regroupées en minorités identifiées. Ce qui a facilité l’accusation de l’élite vis-à-vis de ce mouvement et l’assimilation entre ces manifestants et populisme de bas étage, fascisme ou anarchisme. Toutes les minorités sont un bonheur dans les gouvernements démocratiques car elles permettent de faire croire à la fiction individualiste sans l’honorer, ce qui est proprement impossible sans sombrer dans le chaos, réprimé ensuite par le pouvoir. Notez que la question des interlocuteurs a été au cœur de la crise récente.

 La France « n'échappe pas à la crise des inégalités » et où « le fossé entre riches et pauvres atteint des sommets », même s'il est moins marqué qu'au niveau mondial. Elle relève ainsi que « en 20 ans, la fortune totale des dix plus grandes fortunes françaises a été multipliée par 12, pendant que le nombre de pauvres augmentait de 1,2 millions de personnes. »

« En 2017, les 10% les plus riches détiennent plus de la moitié des richesses alors que les 50% les plus pauvres se partagent à peine 5% du gâteau. Les 1% les plus riches en sortent particulièrement gagnants: ils possèdent à eux seuls 22% des richesses en 2017 alors qu'ils n'en possédaient que 17% en 2007.

Au sommet de la pyramide, la richesse des milliardaires français a été multipliée par trois en 10 ans et seuls 32 milliardaires français possèdent désormais autant que les 40 % les plus pauvres de la population française. »

Conclusion
Que les démocraties occidentales européennes connaissent une crise profonde ne fait aucun doute. On voit bien que les thèses populistes gagnent du terrain tous les jours. Elles indiquent qu’il y a incompréhension entre les élites, les élus et le peuple. Rejeter cette incompréhension sur le peuple seul ne sert à rien d’autre que renforcer la démocrature sans fondement, car les deux sont responsables(comme on le fait avec les GJ accusés de factieux et réprimés avec une violence jamais vue si l’on s’en tient au nombre de blessés graves, c’est ajouter l’insulte à la blessure). Xophe Guilluy « parce qu’il est susceptible de remettre en cause les choix des classes dirigeantes, la diabolisation du peuple par le populisme reste une nécessité » L’accusation de populisme est un paravent commode utilisé par les classes de l’élite pour se prémunir des critiques.
Comment combler l’incompréhension entre élite et peuple ? Comment refaire coïncider les attendes et les offres ? Des moyens existent pour communiquer, ce sont eux qu’il faut remettre à l’honneur. Ce sont ceux de la démocratie. Le Grand débat voulu par e président calmera-t-il et comblera-t-il ce fossé ? Une chose est certaine : on joue dans ce pays à diviser entre populistes et élites depuis au moins quarante ans. Cela a commencé par Mitterrand et s’est poursuivi avec tous les présidents depuis. Je vois dans cette facilité électorale la plus grande raison qu’on a réussi à éviter les grands débats sur toute cette période pour arriver au seisme de 2017. Le phénomène inquiétant étant qu’on continue d’utiliser
Au fond, A quoi a servi, comme technique de gouvernement, la démocratie depuis le 18e siècle ? A faire vivre les peuples en paix ? Pas vraiment. A donner la parole à tout le monde ? Pas vraiment. Elle surtout servi à affirmer, mettre en place et défendre, comme des valeurs quasi religieuses les droits inaliénables de l’homme à travers des pouvoirs qui se contrebalancent. Et il faut donc en revenir à la définition de ceux-ci pour savoir nos systèmes interéagissent avec eux.

La vraie question de fin, c’est donc une question de liberté. Sommes-nous dignes de notre liberté quand on est prêt à la sacrifier à un chef charismatique pour des avantages matériels ? La sécurité à tout prix ? N’avons-nous pas le choix ? Si, celui de la responsabilité et surtout de la liberté. Car nous ne cessons de réclamer plus d’Etat des deux côtés, ce qui est le moteur des démocratures. Toujours plus d’Etat pour faire plaisir. Droit vers le cirque romain. Il faut en revenir au contenu : liberté, égalité/équité et fraternité. Et cessez de demander trop et de promettre trop : cercle infernal dont on ne sort pas.