La gouvernance européenne en difficulté
La composition de la nouvelle Commission européenne
est difficile et douloureuse. Sa présidente entend diriger seule une
institution qui souhaite étendre ses compétences à la géostratégie, c'est-à-dire
aussi la politique étrangère et de défense. Ce n'est pas sans poser de
problème. Les Etats membres sont réticents et au sein de son collège, les
esprits libres n'y ont pas de place, ce qui explique la démission de Thierry
Breton.
On pourrait lui reprocher d'être trop actif, si cette
critique était justifiée au sein d'une institution mise à mal pour sa lenteur
et sa mollesse, mais certainement pas d'être efficace, indépendant et
compétent. Il a fait progresser l'Europe dans tous les domaines de sa
compétence et il manquera au sein d'un Collège de plus en plus critiqué. Le
président français affaibli n'a pas cru devoir mener le combat pour l'imposer
et c'est bien dommage.
En effet, les politiques européennes apparaissent de
plus en plus déséquilibrées sous l'influence d'une Allemagne, elle-même mise en
difficulté du fait de sa politique économique rétrograde. Cela menace l'Union
européenne toute entière en donnant des arguments à ses adversaires de
toujours.
Il est temps de marquer des changements dans la
gouvernance des institutions, avant même un jour de modifier les traités. Une
pratique nouvelle doit s'adapter à une situation nouvelle : les menaces venues
de l'Est, la compétition venue de l'Ouest et de l'Asie exigent un sursaut et
des virages que Mario Draghi a parfaitement identifiés et
recommandés en matière économique et qu'Emmanuel Macron avait lui-même prôné en
matière de politique étrangère et de défense.
Il en va
de la légitimité d'institutions communes dont nous avons le plus grand besoin
et qui semblent avoir du mal à affronter le changement.
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