LE BILLET EUROPÉEN de Caty et Jean-Claude du 08 mai 2025








L'EUROPE pourra-t-elle apporter à la civilisation, sa contribution au maintien de relations pacifiques, comme Jean Monnet l'initiait dans une
célèbre déclaration le 9 mai 1950   ?








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Le continent était ruiné ; l'horreur du conflit avait laissé des traces difficilement surmontables ; les haines étaient prêtes à s'enflammer de nouveau ; s'annonçait la division entre Est et Ouest , comment tirer les leçons du passé récent ?   Quelles initiatives pour quel renond ?  L'imagination de Jean Monnet rencontra l'expérience et le courage de Robert Schuman pour aboutir à la fameuse  déclaration du 9 mai 1950.   ( Voir en fin d'article  le texte de cette déclaration )

« La« paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent. La contribution qu'une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques. »

Tels sont les premiers mots de ce texte qui changea l'histoire du continent, justification profonde et lumineuse d'une initiative à la fois modeste et spectaculaire.

La « méthode Schuman », ainsi initiée, conduit l'Union européenne depuis 75 ans de succès en succès, malgré ses imperfections, l'inachèvement frustrant du projet d'unification et les contraintes d'une union de peuples et d'Etats toujours plus nombreux.

La situation internationale interpelle de nouveau les Européens qui plébiscitent cette réalisation, au risque de s'assoupir dans le confort de la stabilité et de la prospérité.

Le retour du révisionnisme et la guerre expansionniste de Poutine, le défi chinois, la régression trumpiste, le développement qui irrigue de nouveaux continents, s'allient à l'explosion des sciences et de la technologie pour créer une instabilité depuis longtemps oubliée.

Or l'Europe, bien que peu sûre d'elle-même, dispose d'atouts exceptionnels pour relever le gant et contribuer de manière déterminante à la recherche d'un nouvel ordre mondial face à ceux qui veulent détruire l'actuel.

Elle reste le phare de la démocratie, des droits de l'Homme, du respect de la Personne humaine, de sa dignité dans une organisation de la société, libérale, juste, ouverte et communautaire. Sa confiance dans le droit, comme règle efficace pour régler les rapports entre les hommes et les Etats, parfois poussée un peu loin, demeure une référence mondiale face au retour des extrémismes, des populismes, des fascismes et des dictatures.

Certes, elle est loin d'être parfaite, avec ses faiblesses, son incapacité à susciter une fierté d'appartenance de ses citoyens, défaut de sa construction démocratique à plusieurs étages, sa mauvaise communication qui fait douter ses propres membres, finalement son humilité permanente, même dans ses meilleures réalisations comme le grand marché, sa monnaie unique et ses technologies.
Mais elle ne cesse de progresser dans la coopération des peuples qui la composent et à susciter partout dans le monde un très réel attrait. Sa voix porte, au-delà de ce qu'elle imagine. C'est désormais à l'Europe qu'incombe de prendre l'initiative d'appeler la planète à se ressaisir. Elle doit cesser de se préoccuper d'abord d'elle-même pour porter au monde un message d'espérance, fondé sur ce qu'elle a accompli.
Il s'agit d'un message de paix appuyé non pas sur la complaisance ou la faiblesse, mais si nécessaire sur la force de la dissuasion et l'engagement et, bien sûr, la coopération.

Plaider pour un monde ouvert, tenant compte des nouvelles puissances, du développement qui irrigue tous les continents et organiser la gouvernance planétaire, à l'ONU par exemple, en intégrant les Etats qui doivent y participer. Initier de nouvelles méthodes d'assistance à ceux qui connaissent la guerre, la misère et le sous-développement, qui rompent avec le passé ; ne pas se contenter de donner l'exemple mais inventer des processus qui associent et respectent toutes les cultures et les traditions, les identités et les histoires ; s'ouvrir à de nouvelles concurrences qui rendent plus forts et sont autant d'espoirs pour les compétiteurs, partager davantage une prospérité menacée, changer donc d'attitude en bannissant le repli et les nationalismes.

Y aura-t-il des dirigeants européens pour reprendre le flambeau de Schuman et redonner à l'Europe cette fierté d'accomplir en son sein quelque chose qui soit aussi un message pour le plus grand nombre ?

C'est cela la véritable interrogation du 9 mai 2025, par ailleurs fêté sur tous les continents. D'une brulante actualité.



Déclaration du 9 mai

La déclaration du 9 mai 1950 est considérée comme le texte fondateur de la construction européenne. Prononcée par Robert Schuman, ministre des affaires étrangères français, dans le Salon de l'Horloge du Quai d'Orsay, à Paris, cette déclaration, inspirée par Jean Monnet, premier commissaire au plan, propose la création d'une organisation européenne chargée de mettre en commun les productions françaises et allemandes de charbon et d'acier.

Déclaration liminaire

Messieurs,

Il n'est plus question de vaines paroles, mais d'un acte, d'un acte hardi, d'un acte constructif. La France a agi et les conséquences de son action peuvent être immenses.

Nous espérons qu'elles le seront.
Elle a agi essentiellement pour la paix. Pour que la paix puisse vraiment courir sa chance, il faut, d'abord, qu'il y ait une Europe. Cinq ans, presque jour pour jour, après la capitulation sans conditions de l'Allemagne, la France accomplit le premier acte décisif de la construction européenne et y associe l'Allemagne. Les conditions européennes doivent s'en trouver entièrement transformées. Cette transformation rendra possibles d'autres actions communes impossibles jusqu'à ce jour. L'Europe naîtra de tout cela, une Europe solidement unie et fortement charpentée. Une Europe où le niveau de vie s'élèvera grâce au groupement des productions et à l'extension des marchés qui provoqueront l'abaissement des prix.
Une Europe où la Ruhr, la Sarre et les bassins français travailleront de concert et feront profiter de leur travail pacifique, suivi par des observateurs des Nations Unies, tous les Européens, sans distinction qu'ils soient de l'Est ou de l'Ouest, et tous les territoires, notamment l'Afrique qui attendent du Vieux Continent leur développement et leur prospérité.

Voici cette décision, avec les considérations qui l'ont inspirée.

Déclaration du 9 mai

"La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent.
La contribution qu'une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques. En se faisant depuis plus de vingt ans le champion d'une Europe unie, la France a toujours eu pour objet essentiel de servir la paix. L'Europe n'a pas été faite, nous avons eu la guerre.

L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes, créant d'abord une solidarité de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l'opposition séculaire de la France et de l'Allemagne soit éliminée : l'action entreprise doit toucher au premier chef la France et l'Allemagne.

Dans ce but, le gouvernement français propose de porter immédiatement l'action sur un point limité, mais décisif :
Le Gouvernement français propose de placer l'ensemble de la production franco-allemande du charbon et d'acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d'Europe.
La mise en commun des productions de charbon et d'acier assurera immédiatement l'établissement de bases communes de développement économique, première étape de la Fédération européenne, et changera le destin des régions longtemps vouées à la fabrication des armes de guerre dont elles ont été les plus constantes victimes.

La solidarité de production qui sera ainsi nouée manifestera que toute guerre entre la France et l'Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement impossible. L'établissement de cette unité puissante de production ouverte à tous les pays qui voudront y participer, aboutissant à fournir à tous les pays qu'elle rassemblera les éléments fondamentaux de la production industrielle aux mêmes conditions, jettera les fondements réels de leur unification économique. Cette production sera offerte à l'ensemble du monde, sans distinction ni exclusion, pour contribuer au relèvement du niveau de vie et au progrès des œuvres de paix. L'Europe pourra, avec des moyens accrus, poursuivre la réalisation de l'une de ses tâches essentielles : le développement du continent africain.

Ainsi sera réalisée simplement et rapidement la fusion d'intérêts indispensable à l'établissement d'une communauté économique et introduit le ferment d'une communauté plus large et plus profonde entre des pays longtemps opposés par des divisions sanglantes.

Par la mise en commun de production de base et l'institution d'une Haute Autorité nouvelle, dont les décisions lieront la France, l'Allemagne et les pays qui y adhéreront, cette proposition réalisera les premières assises concrètes d'une Fédération européenne indispensable à la préservation de la paix.

Pour poursuivre la réalisation des objectifs ainsi définis, le gouvernement français est prêt à ouvrir des négociations sur les bases suivantes.

La mission impartie à la Haute Autorité commune sera d'assurer dans les délais les plus rapides : la modernisation de la production et l'amélioration de sa qualité ; la fourniture à des conditions identiques du charbon et de l'acier sur le marché français et sur le marché allemand, ainsi que sur ceux des pays adhérents ; le développement de l'exportation commune vers les autres pays ; l'égalisation dans les progrès des conditions de vie de la main-d'œuvre de ces industries.

Pour atteindre ces objectifs à partir des conditions très disparates dans lesquelles sont placées actuellement les productions de pays adhérents, à titre transitoire, certaines dispositions devront être mises en œuvre, comportant l'application d'un plan de production et d'investissements, l'institution de mécanismes de péréquation des prix, la création d'un fonds de reconversion facilitant la rationalisation de la production. La circulation du charbon et de l'acier entre les pays adhérents sera immédiatement affranchie de tout droit de douane t ne pourra être affectée par des tarifs de transport différentiels. Progressivement se dégageront les conditions assurant spontanément la répartition la plus rationnelle de la production au niveau de productivité le plus élevé.

A l'opposé d'un cartel international tendant à la répartition et à l'exploitation des marchés nationaux par des pratiques restrictives et le maintien de profits élevés, l'organisation projetée assurera la fusion des marchés et l'expansion de la production.

Les principes et les engagements essentiels ci-dessus définis feront l'objet d'un traité signé entre les Etats. Les négociations indispensables pour préciser les mesures d'application seront poursuivies avec l'assistance d'un arbitre désigné d'un commun accord : celui-ci aura charge de veiller à ce que les accords soient conformes aux principes et, en cas d'opposition irréductible, fixera la solution qui sera adoptée. La Haute Autorité commune chargée du fonctionnement de tout le régime sera composée de personnalités indépendantes désignées sur une base paritaire par les Gouvernements ; un Président sera choisi d'un commun accord par les autres pays adhérents. Des dispositions appropriées assureront les voies de recours nécessaires contre les décisions de la Haute Autorité. Un représentant des Nations Unies auprès de cette Autorité sera chargé de faire deux fois par an un rapport public à l'O.N.U. rendant compte du fonctionnement de l'organisme nouveau notamment en ce qui concerne la sauvegarde de ses fins pacifiques.

L'institution de la Haute Autorité ne préjuge en rien du régime de propriété des entreprises. Dans l'exercice de sa mission, la Haute Autorité commune tiendra compte des pouvoirs conférés à l'Autorité internationale de la Ruhr et des obligations de toute nature imposées à l'Allemagne, tant que celles-ci subsisteront."



Pour approfondir le sujet, la Fondation Schuman met en ligne un dossier très complet que vous trouverez sur le lien suivant :

        https://www.robert-schuman.eu/journee-de-l-europe

A la fin des documents et avant les vidéos, un « questionnaire en 10 points » vous permettra de tester vos connaissances sur l’Union Européenne.

 

BONNE FETE DE L’EUROPE à TOUTES et à TOUS !

 

Jean-Claude et Caty


































































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