Bonjour à toutes et à tous,

Nous sommes heureux de vous retrouver après la trêve estivale pour échanger sur l’Europe que nous aimons, celle qui nous fait rêver, mais aussi pour vous donner parfois un billet d'humeur si nous estimons qu'elle aurait pu mieux faire.

Caty et moi-même avons récemment écrit sur :

L’accord sur les droits de douane Etats-Unis Union européenne   ainsi que sur 

La proposition de budget européen à 2000 milliards d’Euros pour la période 2028-2034.

En y regardant de plus près, l’Amérique de Trump hypothèque sérieusement les ressources nécessaires à l’autonomie stratégique dont l’Europe a tant besoin.

Côté franco-français, même si ce n’est pas l’objet de nos Echos d’Europe, la situation politique intérieure actuelle affaiblit considérablement la voix de la France en Europe et dans le monde.

Alors que la guerre en Ukraine frappe de plus en plus durement : 17 morts dont 4 enfants à Kiev le 28 août, l’immeuble de l’Union européenne touché, Mario Draghi, ancien président de la Banque Centrale européenne a donné un discours le 22 août :

« Comment changer la trajectoire de notre continent ? ».

Quelles sont les pistes présentées par Mario Draghi :

·  Achever et unifier le marché intérieur sans entraves, en supprimant les barrières encore existantes (équivalentes parfois à des droits de douane de 60% ou 90% entre États membres !). Dans le domaine de la défense, par exemple, malgré les 2 000 milliards d’euros prévus d’ici 2031, les obstacles internes ralentissent et renchérissent les projets, au profit de fournisseurs étrangers.

·  Souveraineté technologique :  investir dans les technologies critiques (semi-conducteurs, intelligence artificielle, énergies, défense, infrastructures, etc …) ; les projets européens actuels sont trop fragmentés et modestes comparés à ceux des États-Unis ou de la Chine ; il est nécessaire de mutualiser les ressources pour atteindre l’échelle nécessaire.

·  Recourir à une dette commune : la taille des projets stratégiques est aujourd’hui hors de portée des États nations seuls. Les domaines cités sont les suivants : la défense (recherche et développement), l'énergie et les technologies de rupture.

·  Une transformation politique est impérative : l’Europe est le seul levier permettant de peser face aux hyperpuissances et de faire pression en faveur de réformes ambitieuses.

Mario Draghi considère que la proposition budgétaire pour les perspectives financières 2028-2034 est très insuffisante.  Selon lui, pour que l’Europe rattrape son retard en matière de compétitivité, d'innovation, de transition verte et numérique, la mobilisation annuelle doit atteindre 750 à 800 milliards d’euros. Sans une montée en puissance de la dette commune, une intégration politique renforcée et une harmonisation profonde des marchés de capitaux, les ambitions européennes risquent de rester sous-financées face aux défis géoéconomiques mondiaux.

D'autre part, dans le cadre de l'accord commercial dit « Turnberry», conclu en juillet 2025 entre l'Union européenne et les États-Unis, l'UE s'est engagée à investir au moins 550 milliards d'euros dans l'industrie américaine d'ici 2029 (il s'agit d'investissements du secteur privé, car le budget de l'UE ne permet pas de réaliser de tels transferts), et à soutenir la production énergétique américaine (gaz naturel liquéfié, pétrole, nucléaire) pour un montant estimé à environ 700 milliards d'euros sur trois ans.

Cet accord créera une pression financière et commerciale importante sur l’Europe, détournera des ressources critiques vers les États-Unis et limitera les ambitions européennes en matière d’autonomie et de souveraineté industrielle.

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Bonne lecture

Claude Maerten